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mulus[1] de la région des lacs ; sur sa gauche, les derniers contre-forts de l’Anti-Liban, allant rejoindre l’Hermon. L’impression de ces campagnes richement cultivées, de ces vergers délicieux, séparés les uns des autres par des rigoles et chargés des plus beaux fruits, est celle du calme et du bonheur. Qu’on se figure une route ombragée, s’ouvrant dans une couche épaisse de terreau, sans cesse détrempée par les canaux d’irrigation, bordée de talus, et serpentant au travers des oliviers, des noyers, des abricotiers, des pruniers, reliés entre eux par des vignes en girandole, on aura l’image du lieu où arriva l’événement étrange qui a exercé une si grande influence sur la foi du monde. Vous vous croyez à peine en Orient dans ces environs de Damas[2], et surtout, au sortir des âpres et brûlantes régions de la Gaulonitide et de l’Iturée, ce qui remplit l’âme, c’est la joie de retrouver les travaux de l’homme et les bénédictions du ciel. Depuis l’antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours, toute cette zone qui entoure Damas de fraîcheur et de bien-être n’a eu qu’un nom, n’a inspiré qu’un rêve, celui du « paradis de Dieu ».

Si Paul trouva là des visions terribles, c’est qu’il

  1. Tuleil.
  2. La plaine est, en effet, à plus de dix-sept cents mètres au-dessus du niveau de la mer.