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qu’il y était insensible[1]. Il paraît qu’il ne se maria pas[2] ; la froideur complète de son tempérament, conséquence des ardeurs sans égales de son cerveau, se montre par toute sa vie ; il s’en vante avec une assurance qui n’était peut-être pas exempte de quelque affectation, et qui, en tout cas, a pour nous quelque chose de déplaisant[3].

Il vint jeune à Jérusalem[4], et entra, dit-on, à l’école de Gamaliel le Vieux[5]. Gamaliel était l’homme le plus éclairé de Jérusalem. Comme le nom de pharisien s’appliquait à tout Juif considérable qui n’était pas des familles sacerdotales, Gamaliel passait pour un membre de cette secte. Mais il n’en avait pas l’esprit étroit et exclusif. C’était un homme libéral, éclairé, comprenant les païens, sachant le grec[6]. Peut-être

  1. I Cor., vii, 7-8 et le contexte.
  2. I Cor., vii, 7-8 ; ix, 5. Ce second passage est loin d’être démonstratif. Phil., iv, 3, ferait supposer le contraire. Comp. Clément d’Alexandrie, Strom., III, 6, et Eusèbe, Hist. eccl., III, 30. Le passage I Cor., vii, 7-8, a seul ici du poids.
  3. I Cor., vii, 7-9.
  4. Act., xxii, 3 ; xxvi, 4.
  5. Ibid., xxii, 3. Paul ne parle pas de ce maître à certains endroits de ses épîtres où il eût été naturel de le nommer (Phil., iii, 5). Il n’est pas impossible que l’auteur des Actes ait mis d’office son héros en rapport avec le plus célèbre docteur de Jérusalem dont il savait le nom. Il y a contradiction absolue entre les principes de Gamaliel (Act., v, 34 et suiv.) et la conduite de Paul avant sa conversion.
  6. Voir Vie de Jésus, p. 220-221.