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aptitudes pratiques et par leur habile manière de sortir des plus grandes difficultés.

La mine de Paul était chétive et ne répondait pas, ce semble, à la grandeur de son âme. Il était laid, de courte taille, épais et voûté. Ses fortes épaules portaient bizarrement une tête petite et chauve. Sa face blême était comme envahie par une barbe épaisse, un nez aquilin, des yeux perçants, des sourcils noirs qui se rejoignaient sur le front[1]. Sa parole n’avait non plus rien qui imposât[2]. Quelque chose de craintif, d’embarrassé, d’incorrect, donnait d’abord une pauvre idée de son éloquence[3]. En homme de tact, il insistait lui-même sur ses défauts extérieurs, et en tirait avantage[4]. La race juive a cela de remarquable qu’elle présente à la fois des types de la plus grande beauté et de la plus complète laideur ; mais la laideur juive

  1. Acta Pauli et Theclae, 3, dans Tischendorf, Acta Apost. apocr. (Leipzig 1851), p. 41 et les notes (texte ancien, lors même qu’il ne serait pas l’original dont parle Tertullien) ; le Philopatris, 12 (ouvrage composé vers l’an 363) ; Malala, Chronogr., p. 257, édit. Bonn ; Nicéphore, Hist. eccl., II, 37. Tous ces passages, surtout celui du Philopatris, supposent d’assez anciens portraits. Ce qui leur donne de l’autorité, c’est que Malala, Nicéphore et même l’auteur des Actes de sainte Thècle veulent, malgré tout cela, faire de Paul un bel homme.
  2. I Cor., ii, 1 et suiv. ; II Cor., x, 1-2, 10 ; xi, 6.
  3. I Cor., II, 3 ; II Cor., x, 10.
  4. II Cor., xi, 30 ; xii, 5, 9, 10.