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encore vingt ans plus tard[1]. Césarée était une ville neuve et la plus considérable de la Judée[2]. Elle avait été bâtie sur l’emplacement d’une forteresse sidonienne appelée « tour d’Abdastarte, ou de Straton », par Hérode le Grand, lequel lui donna, en l’honneur d’Auguste, le nom que ses ruines portent encore aujourd’hui. Césarée était de beaucoup le meilleur port de toute la Palestine, et elle tendait de jour en jour à en devenir la capitale. Fatigués du séjour de Jérusalem, les procurateurs de Judée allaient bientôt y faire leur résidence habituelle[3]. Elle était surtout peuplée de païens[4] ; les Juifs y étaient cependant assez nombreux ; des rixes cruelles avaient souvent lieu entre les deux classes de la population[5]. La langue grecque y était seule parlée, et les Juifs eux-mêmes en étaient venus à réciter certaines parties de la liturgie en grec[6]. Les rabbis austères de Jérusalem envisageaient Césarée comme un séjour profane, dangereux et où l’on devenait presque un païen[7]. Par toutes les raisons qui viennent d’être dites, cette ville aura

  1. Act., xxi, 8.
  2. Jos., B. J., III, ix, 1.
  3. Act., xxiii, 23 et suiv. ; xxv, 1, 5 ; Tacite, Hist., II, 79.
  4. Jos., B. J., III, ix, 1.
  5. Jos., Ant., XX, viii, 7 ; B. J., II, xiii, 5, — xiv, 5 ; xviii, 1.
  6. Talm. de Jérusalem, Sota, 21 b.
  7. Jos., Ant., XIX, vii, 3-4 ; viii, 2.