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ou Azote. Tel était le naïf état d’enthousiasme où vivaient ces missionnaires, qu’ils croyaient à chaque pas entendre des voix du ciel, recevoir des directions de l’Esprit[1]. Chacun de leurs pas leur semblait réglé par une force supérieure, et, quand ils allaient d’une ville à l’autre, ils pensaient obéir à une inspiration surnaturelle. Parfois, ils s’imaginaient faire des voyages aériens. Philippe était à cet égard un des plus exaltés. C’est sur l’indication d’un ange qu’il croyait être venu de Samarie à l’endroit où il rencontra l’eunuque ; après le baptême de celui-ci, il était persuadé que l’Esprit l’avait enlevé et l’avait transporté tout d’une traite à Azote[2].

Azote et la route de Gaza furent le terme de la première prédication évangélique vers le sud. Au delà étaient le désert et la vie nomade sur laquelle le christianisme eut toujours peu de prise. D’Azote, le diacre Philippe tourna vers le nord et évangélisa toute la côte jusqu’à Césarée. Peut-être les Églises de Joppé et de Lydda, que nous trouverons bientôt florissantes[3], furent-elles fondées par lui. À Césarée, il se fixa et fonda une Église importante[4]. Nous l’y rencontrerons

  1. Pour l’état analogue des premiers Mormons, voir Jules Remy, Voyage au pays des Mormons (Paris, 1860), I, p. 195 et la suite.
  2. Act., viii, 39-40. Comp. Luc, iv, 14.
  3. Act., ix, 32, 38.
  4. Ibid., viii, 40 ; xi, 11.