Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de lui donner le titre d’apôtre[1] et il veut que l’initiative de la conversion des gentils appartienne à Pierre. On dirait, en somme, un disciple de Pierre plutôt que de Paul. Nous montrerons bientôt que, dans deux ou trois circonstances, ses principes de conciliation l’ont porté à fausser gravement la biographie de Paul ; il commet des inexactitudes[2] et surtout des omissions vraiment étranges chez un disciple de ce dernier[3]. Il ne parle pas d’une seule des épîtres ; il resserre de la façon la plus surprenante des exposés de première importance[4]. Même dans la partie où il a dû être compagnon de Paul, il est quelquefois singulièrement sec, peu informé, peu éveillé[5]. Enfin, la mollesse et le vague de certains récits, la part de convention que l’on y découvre, feraient penser à un écrivain qui n’aurait eu aucune relation directe ni indirecte avec les apôtres, et qui écrirait vers l’an 100 ou 120.

Faut-il s’arrêter à ces objections ? Je ne le pense pas, et je persiste à croire que le dernier rédacteur

  1. L’emploi de ce mot, Act., xiv, 4, 14, est bien indirect.
  2. Comparez, par exemple, Act., xvii, 14-16 ; xviii, 5, à I Thess., iii, 1-2.
  3. 3. I Cor., xv, 32 ; II Cor., I, 8 ; xi, 23 et suiv. ; Rom., xv, 19 ; xvi, 3 et suiv.
  4. Act., xvi, 6 ; xviii, 22-23, en comparant l’épître aux Galates.
  5. Par exemple, le séjour à Césarée est laissé dans l’obscurité.