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Agrippa, de Soheym, de Cotys, de Polémon II, et qu’il laissa s’agrandir celle de Hâreth[1]. Quand Pilate arriva à Rome, il trouva le nouveau règne déjà commencé. Il est probable que Caligula lui donna tort, puisqu’il confia le gouvernement de Jérusalem à un nouveau fonctionnaire, Marullus, lequel paraît n’avoir pas excité de la part des Juifs les violentes récriminations qui accablèrent d’embarras le pauvre Pilate et l’abreuvèrent d’ennuis[2].

Ce qu’il importe, en tout cas, de remarquer, c’est qu’à l’époque où nous sommes, les persécuteurs du christianisme ne sont pas les Romains ; ce sont les Juifs orthodoxes. Les Romains conservaient, au milieu de ce fanatisme, un principe de tolérance et de raison. Si on peut reprocher quelque chose à l’autorité impériale, c’est d’avoir été trop faible et de ne pas avoir tout d’abord coupé court aux conséquences civiles d’une loi sanguinaire, ordonnant la peine de mort pour des délits religieux. Mais la domination romaine n’était pas encore un pouvoir complet comme elle le fut plus tard ; c’était une sorte de protectorat

  1. Suétone, Caïus, 16 ; Dion Cassius, LIX, 8, 12 ; Josèphe, Ant., XVIII, v, 3 ; vi, 10 ; II Cor., xi, 32.
  2. Ventidius Cumanus éprouva des aventures toutes semblables. Il est vrai que Josèphe exagère les disgrâces de tous ceux qui ont été opposés à sa nation.