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problèmes sociaux. Le splendide idéal tracé par l’auteur des Actes sera inscrit comme une révélation prophétique à l’entrée du paradis de l’humanité : « La multitude des fidèles n’avait qu’un cœur et qu’une âme, et aucun d’eux ne regardait ce qu’il possédait comme lui appartenant, car ils jouissaient de tout en commun. Aussi n’y avait-il pas de pauvres parmi eux ; ceux qui avaient des champs ou des maisons les vendaient et en apportaient le prix aux pieds des apôtres ; puis on faisait la part de chacun selon ses besoins. Et, chaque jour, ils rompaient le pain en pleine concorde, avec joie et simplicité de cœur[1] ! »

Ne devançons pas les temps. Nous sommes arrivés à l’an 36 à peu près. Tibère, à Caprée, ne se doute guère de l’ennemi qui croît pour l’Empire. En deux ou trois années, la secte nouvelle avait fait des progrès surprenants. Elle comptait plusieurs milliers de fidèles[2]. Il était déjà facile de prévoir que ses conquêtes s’effectueraient surtout du côté des hellénistes et des prosélytes. Le groupe galiléen qui avait entendu le maître, tout en gardant sa primauté, était comme noyé sous un flot de nouveaux venus, parlant grec. On pressent déjà que le rôle principal appartiendra à ces derniers. À l’heure

  1. Act., ii, 44-47 ; iv, 32-35.
  2. Ibid., ii, 41.