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recommandée par les sages[1], était devenue un précepte ; elle se faisait au temple et dans les synagogues[2] ; elle passait pour le premier devoir du prosélyte[3]. Dans tous les temps, le judaïsme s’est distingué par le soin de ses pauvres et par le sentiment de charité fraternelle qu’il inspire.

Il y a une suprême injustice à opposer le christianisme au judaïsme comme un reproche, puisque tout ce qui est dans le christianisme primitif est venu en somme du judaïsme. C’est en songeant au monde romain qu’on est frappé des miracles de charité et d’association libre opérés par l’Église. Jamais société profane, ne reconnaissant pour base que la raison, n’a produit de si admirables effets. La loi de toute société profane, philosophique, si j’ose le dire, est la liberté, parfois l’égalité, jamais la fraternité. La charité, au point de vue du droit, n’a rien d’obligatoire ; elle ne regarde que les individus ; on lui trouve même certains inconvénients et on s’en défie. Toute tentative pour appliquer les deniers publics

  1. Prov., iii, 27 et suiv. ; x, 2 ; xi, 4 ; xxii, 9 ; xxviii, 27 ; Eccli., iii, 23 et suiv. ; vii, 36 ; xii, 1 et suiv. ; xviii, 14 ; xx, 13 et suiv. ; xxxi, 11 ; Tobie, ii, 15, 22 ; iv, 11 ; xii, 9 ; xiv, 11 ; Daniel, iv, 24 ; Talm. de Jérus., Peah, 15 b.
  2. Matth., vi, 2 ; Mischna, Schekalim, v, 6 ; Talm. de Jérus., Demaï, fol. 23 b.
  3. Act., x, 2, 4, 31.