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que celui qui a écrit la fin de l’ouvrage en a écrit le commencement, et que le narrateur du tout est celui qui dit « nous » aux passages précités.

Cela devient plus frappant encore, si l’on remarque dans quelles circonstances le narrateur se met ainsi en la compagnie de Paul. L’emploi du « nous » commence au moment où Paul passe en Macédoine pour la première fois (xvi, 10). Il cesse au moment où Paul sort de Philippes. Il recommence au moment où Paul, visitant la Macédoine pour la dernière fois, passe encore par Philippes (xx, 5, 6). Dès lors, le narrateur ne se sépare plus de Paul jusqu’à la fin. Si l’on remarque de plus que les chapitres où le narrateur accompagne l’apôtre ont un caractère particulier de précision, on ne doute plus que le narrateur n’ait été un Macédonien, ou plutôt un Philippien[1], qui vint au-devant de Paul à Troas, durant la seconde mission, qui resta à Philippes lors du départ de l’apôtre, et qui, lors du dernier passage de l’apôtre en cette ville (troisième mission), se joignit à lui pour ne plus le quitter. Comprendrait-on qu’un rédacteur, écrivant à distance, se fût laissé dominer à un tel point par les souvenirs d’un autre ? Ces souvenirs feraient tache dans l’ensemble. Le

  1. Remarquez surtout Act., xvi, 12.