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héritées un asile honorable et sûr[1]. Quelques femmes tenaient dans l’Église un rang très-considérable, et leur maison servait de lieu de réunion[2]. Quant à celles qui n’avaient pas de maison, on les constitua en une espèce d’ordre ou de corps presbytéral féminin[3], qui comprenait aussi probablement des vierges, et qui joua un rôle capital dans l’organisation de l’aumône. Les institutions qu’on regarde comme le fruit tardif du christianisme, les congrégations de femmes, les béguines, les sœurs de la charité furent une de ses premières créations, le principe de sa force, l’expression la plus parfaite de son esprit. En particulier, l’admirable idée de consacrer par une sorte de caractère religieux et d’assujettir à une discipline régulière les femmes qui ne sont pas dans les liens du mariage, est toute chrétienne. Le mot « veuve » devint synonyme de personne religieuse, vouée à Dieu, et par suite de « diaconesse »[4]. Dans ces pays, où l’épouse de vingt-quatre ans est déjà flétrie, où il n’y a pas de milieu entre l’enfant et la vieille femme, c’était comme une nouvelle vie que l’on créait pour la moitié de l’espèce humaine la plus capable de dévouement.

  1. Act., vi, 1.
  2. Ibid., xii, 12.
  3. I Tim., v, 9 et suiv. Comp. Act., ix, 39, 41.
  4. I Tim., v, 3 et suiv.