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un mouvement de pauvres. Le grand attrait qui fit qu’on s’y précipita, fut la facilité offerte aux classes déshéritées de se réhabiliter par la profession d’un culte qui les relevait et leur offrait des ressources infinies d’assistance et de pitié.

Le nombre des pauvres était, au premier siècle de notre ère, très-considérable en Judée. Le pays est par sa nature dénué des ressources qui procurent l’aisance. Dans ces pays sans industrie, presque toutes les fortunes ont pour origine ou des institutions religieuses richement dotées, ou les faveurs d’un gouvernement. Les richesses du temple étaient depuis longtemps l’apanage exclusif d’un petit nombre de nobles. Les Asmonéens avaient constitué autour de leur dynastie un groupe de familles riches ; les Hérodes augmentèrent beaucoup le luxe et le bien-être dans une certaine classe de la société. Mais le vrai Juif théocrate, tournant le dos à la civilisation romaine, n’en devint que plus pauvre. Il se forma toute une classe de saints hommes, pieux, fanatiques, observateurs rigides de la Loi, tout à fait misérables d’extérieur. C’est dans cette classe que se recrutèrent les sectes et les partis fanatiques, si nombreux à cette époque. Le rêve universel était le règne du prolétaire

    à l’hist. du buddhisme indien, I, p. 137 et suiv., surtout p. 198-199.