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trouvait surtout faveur dans les parties les moins juives du judaïsme. Les orthodoxes rigides s’y prêtaient peu ; c’étaient les nouveaux venus, gens à peine catéchisés, n’ayant pas été aux grandes écoles, dégagés de la routine et non initiés à la langue sainte, qui prêtaient l’oreille aux apôtres et à leurs disciples. Médiocrement considérés de l’aristocratie de Jérusalem, ces parvenus du judaïsme prenaient ainsi une sorte de revanche. Ce sont toujours les parties jeunes et nouvellement acquises d’une communauté qui ont le moins de souci de la tradition, et qui sont le plus portées aux nouveautés.

Dans ces classes peu assujetties aux docteurs de la Loi, la crédulité était aussi, ce semble, plus naïve et plus entière. Ce qui frappe chez le juif talmudiste, ce n’est pas la crédulité. Le juif crédule et ami du merveilleux, que connurent les satiriques latins, n’est pas le Juif de Jérusalem ; c’est le juif helléniste, à la fois très-religieux et peu instruit, par conséquent très-superstitieux. Ni le sadducéen à demi incrédule, ni le pharisien rigoriste ne devaient être fort touchés de la théurgie qui était en si grande vogue dans le cercle apostolique. Mais le Judaeus Apella, dont l’épicurien Horace souriait[1], était là pour croire. Les questions sociales, d’ailleurs, intéressaient parti-

  1. Sat., I, v, 105.