Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les nouveaux convertis étaient tous juifs de religion, quand la grâce les toucha ; mais ils appartenaient à deux classes de juifs bien différentes. Les uns étaient des « hébreux »[1], c’est-à-dire des Juifs de Palestine, parlant hébreu ou plutôt araméen, lisant la Bible dans le texte hébreu ; les autres étaient des « hellénistes », c’est-à-dire des Juifs parlant grec, lisant la Bible en grec. Ces derniers se subdivisaient encore en deux classes, les uns étant de sang juif, les autres étant des prosélytes, c’est-à-dire des gens d’origine non israélite, affiliés au judaïsme à des degrés divers. Ces hellénistes, lesquels venaient presque tous de Syrie, d’Asie Mineure, d’Égypte ou de Cyrène[2], habitaient à Jérusalem des quartiers distincts. Ils avaient leurs synagogues séparées et formaient ainsi de petites communautés à part. Jérusalem comptait un grand nombre de ces synagogues particulières[3]. C’est là que la parole de Jésus trouva le sol préparé pour la recevoir et la faire fructifier.

  1. Act., vi, 1, 5 ; II Cor., xi, 22 ; Phil., iii, 5.
  2. Act., ii, 9-11 ; vi, 9.
  3. Le Talmud de Jérusalem, Megilla, fol. 73 d, en porte le nombre à quatre cent quatre-vingts. Comp. Midrasch Eka 52 b, 70 d. Un tel nombre n’a rien d’incroyable pour ceux qui ont vu ces petites mosquées de famille qu’on trouve à chaque pas dans les villes musulmanes. Mais les renseignements talmudiques sur Jérusalem sont de médiocre autorité.