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tentent d’aimer en secret restent obscurs, mais sûrement ils ont la meilleure part.

Inutile de dire que ce petit groupe de gens simples n’avait aucune théologie spéculative. Jésus s’était tenu sagement éloigné de toute métaphysique. Il n’eut qu’un dogme, sa propre filiation divine et la divinité de sa mission. Tout le symbole de l’Église primitive pouvait tenir en une ligne : « Jésus est le Messie, fils de Dieu. » Cette croyance reposait sur un argument péremptoire, le fait de la résurrection, dont les disciples se portaient comme témoins. En réalité, personne (pas même les femmes galiléennes) ne disait avoir vu la résurrection[1]. Mais l’absence du corps et les apparitions qui avaient suivi paraissaient équivalentes au fait lui-même. Attester la résurrection de Jésus, telle était la tâche que tous envisageaient comme leur étant spécialement imposée[2]. On s’imagina d’ailleurs bien vite que le maître

  1. Selon Matth., xxviii, 1 et suiv., les gardiens auraient été témoins de la descente de l’ange qui tira la pierre. Ce récit, très-embarrassé, voudrait aussi laisser entendre que les femmes furent témoins du même fait, mais il ne le dit pas expressément. En tout cas, ce que les gardiens et les femmes auraient vu, d’après le même récit, ce ne serait pas Jésus ressuscitant, ce serait l’ange. Une telle rédaction, isolée, inconsistante, est évidemment la plus moderne de toutes.
  2. Luc, xxiv, 48 ; Act., i, 22 ; ii, 32 ; iii, 15 ; iv, 33 ; v, 32 ; x, 41 ; xiii, 30, 31.