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ler soi-même, était parfaitement conforme à l’esprit de sa prédication. La croyance que le monde va finir a toujours produit le dégoût des biens du monde et la vie commune[1]. Le récit des Actes est, d’ailleurs, parfaitement conforme à ce que nous savons de l’origine des autres religions ascétiques, du bouddhisme, par exemple. Ces sortes de religions commencent toujours par la vie cénobitique. Leurs premiers adeptes sont des espèces de moines mendiants. Le laïque n’y apparaît que plus tard et quand ces religions ont conquis des sociétés entières, où la vie monastique ne peut exister qu’à l’état d’exception[2].

Nous admettons donc, dans l’Église de Jérusalem, une période de vie cénobitique. Deux siècles plus tard, le christianisme faisait encore aux païens l’effet d’une secte communiste[3]. Il faut se rappeler que les esséniens ou thérapeutes avaient déjà donné le modèle de ce genre de vie, lequel sortait fort légitimement du mosaïsme. Le code mosaïque étant essen-

  1. Se rappeler l’an 1000. Tous les actes commençant par la formule : Adventante mundi vespera, ou d’autres semblables, sont des donations aux monastères.
  2. Hodgson, dans le Journal Asiat. Soc. of Bengal, t. V, p. 33 et suiv. ; Eugène Burnouf, Introd. à l’histoire du buddhisme indien, I, p. 278 et suiv.
  3. Lucien, Mort de Peregrinus, 13.