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jumpers, shakers, irvingiens[1], chez les Mormons[2], dans les camp-meetings et les revivals de l’Amérique[3]. On les a vus reparaître chez nous dans la secte dite des « spirites ». Mais une immense différence doit être faite entre des aberrations sans portée et sans avenir, et des illusions qui ont accompagné l’établissement d’un nouveau code religieux pour l’humanité.

Entre toutes ces « descentes de l’Esprit », qui paraissent avoir été assez fréquentes, il y en eut une qui laissa dans l’Église naissante une profonde impression[4]. Un jour que les frères étaient réunis, un orage éclata. Un vent violent ouvrit les fenêtres ; le ciel était en feu. Les orages en ces pays sont accompagnés d’un prodigieux dégagement de lumière ; l’atmosphère est comme sillonnée de toutes parts de gerbes de flamme. Soit que le fluide électrique ait pénétré dans la pièce même, soit qu’un éclair éblouissant ait subitement illuminé la face de tous, on fut convaincu que l’Esprit était entré, et qu’il s’était épanché sur la tête de chacun sous forme

  1. Revue des Deux Mondes, sept. 1853, p. 966 et suiv.
  2. Jules Remy, Voyage au pays des Mormons (Paris, 1860), livres ii et iii ; par exemple, vol. I, p. 259-260 ; vol. II, 470 et suiv.
  3. 3. Astié, le Réveil religieux des États-Unis (Lausanne, 1859).
  4. Act., ii, 1-3 ; Justin, Apol. I, 50.