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cessé, était la venue de l’Esprit-Saint. On croyait le recevoir sous la forme d’un souffle mystérieux qui passait sur l’assistance. Plusieurs se figuraient que c’était le souffle de Jésus lui-même[1]. Toute consolation intérieure, tout mouvement de courage, tout élan d’enthousiasme, tout sentiment de gaieté vive et douce qu’on ressentait sans savoir d’où il venait, fut l’œuvre de l’Esprit. Ces bonnes consciences rapportaient, comme toujours, à une cause extérieure les sentiments exquis qui naissaient en elles. C’était particulièrement dans les assemblées que ces phénomènes bizarres d’illuminisme se produisaient. Quand tous étaient réunis, et qu’on attendait en silence l’inspiration d’en haut, un murmure, un bruit quelconque faisait croire à la venue de l’Esprit. Dans les premiers temps, c’étaient les apparitions de Jésus qui se produisaient de la sorte. Maintenant, le tour des idées avait changé. C’était l’haleine divine qui courait sur la petite Église et la remplissait d’effluves célestes.

Ces croyances se rattachaient à des conceptions tirées de l’Ancien Testament. L’esprit prophétique est montré dans les livres hébreux comme un souffle qui pénètre l’homme et l’exalte. Dans la belle vision d’Élie[2], Dieu passe sous la figure d’un vent léger, qui

  1. Jean, xx, 22.
  2. I Reg., xix, 11-12.