Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dit devoir son origine à lui et à saint Pierre[1]. Au iie siècle, Papias et saint Justin ne prononcent pas son nom. C’est plus tard, quand la tradition orale ne fut plus rien, quand l’Écriture tint lieu de tout, que Paul prit dans la théologie chrétienne une place capitale. Paul, en effet, a une théologie. Pierre, Marie de Magdala, n’en eurent pas. Paul a laissé des ouvrages considérables ; les écrits des autres apôtres ne peuvent le disputer aux siens ni en importance ni en authenticité.

Au premier coup d’œil, les documents, pour la période qu’embrasse ce volume, sont rares et tout à fait insuffisants. Les témoignages directs se réduisent aux premiers chapitres des Actes des Apôtres, chapitres dont la valeur historique donne lieu à de graves objections. Mais la lumière que projettent sur cet intervalle obscur les derniers chapitres des Évangiles et surtout les épîtres de saint Paul, dissipe quelque peu les ténèbres. Un écrit ancien peut servir à faire connaître, d’abord l’époque même où il a été composé, en second lieu l’époque qui a précédé sa composition. Tout écrit suggère, en effet, des inductions rétrospectives sur l’état de la société d’où il est sorti. Dictées de l’an 53 à l’an 62 à peu près, les

  1. Lettre de Denys de Corinthe, dans Eusèbe, Hist. eccl, II, 25.