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d’Élie[1]. — Une tradition[2] plaça le lieu de cette scène près de Béthanie, sur le sommet du mont des Oliviers. Ce quartier était resté fort cher aux disciples, sans doute parce que Jésus y avait habité.

La légende veut que les disciples, après cette scène merveilleuse, soient rentrés dans Jérusalem « avec joie[3] ». Pour nous, c’est avec tristesse que nous dirons à Jésus le dernier adieu. Le retrouver vivant encore de sa vie d’ombre a été pour nous une grande consolation. Cette seconde vie de Jésus, image pâle de la première, est encore pleine de charme. Maintenant, tout parfum de lui est perdu. Enlevé sur son nuage à la droite de son Père, il nous laisse avec des hommes, et que la chute est lourde, ô ciel ! Le règne de la poésie est passé. Marie de Magdala, retirée dans sa bourgade, y ensevelit ses souvenirs. Par suite de cette éternelle injustice qui fait que l’homme s’approprie à lui seul l’œuvre dans laquelle la femme a eu autant de part que lui, Céphas l’éclipse et la fait oublier ! Plus de sermons sur la montagne ; plus de possédées guéries ; plus de courtisanes touchées ; plus de ces collaboratrices étranges de l’œuvre de la Ré-

  1. II Reg., ii, 11 et suiv.
  2. Luc, dernier chapitre de l’Évangile, et premier chapitre des Actes.
  3. Luc, xxiv, 52.