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restre. Quand les visions devinrent rares, on se plia à une autre imagination. On se figura Jésus comme entré dans la gloire et assis à la droite de son Père. « Il est monté au ciel, » se dit-on.

Ce mot resta pour la plupart à l’état d’image vague ou d’induction[1]. Mais il se traduisit pour plusieurs en une scène matérielle. On voulut qu’à la suite de la dernière vision commune à tous les apôtres, et où il leur fit ses recommandations suprêmes, Jésus se fût élevé vers le ciel[2]. La scène fut plus tard développée et devint une légende complète. On raconta que des hommes célestes, selon l’appareil des manifestations divines très-brillantes[3], apparurent au moment où un nuage l’entourait, et consolèrent les disciples par l’assurance d’un retour dans les nues tout semblable à la scène dont ils venaient d’être témoins. La mort de Moïse avait été entourée par l’imagination populaire de circonstances du même genre[4]. Peut-être se souvint-on aussi de l’ascension

  1. Jean, iii, 13 ; vi, 62 ; xvi, 7 ; xx, 17 ; Ephes., iv, 10 ; I Petri, iii, 22. Ni Matthieu ni Jean n’ont le récit de l’ascension. Paul (I Cor., xv, 7-8) en exclut jusqu’à l’idée.
  2. Marc, xvi, 19 ; Luc, xxiv, 50-52 ; Act., 2-12 ; Justin, Apol. I, 50 ; Ascension d’Isaïe, version éthiopienne, xi, 22 ; version latine (Venise, 1522), sub fin.
  3. Comparez le récit de la transfiguration.
  4. Jos., Antiq., IV, viii, 48.