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se disperser, et certains traits paraissent révéler chez eux la préoccupation d’empêcher un nouveau retour en Galilée, lequel eut dissous la petite société. On supposa un ordre exprès de Jésus, interdisant de quitter Jérusalem, au moins jusqu’aux grandes manifestations que l’on attendait[1]. Les apparitions devenaient de plus en plus rares. On en parlait beaucoup moins, et l’on commençait à croire qu’on ne verrait plus le maître avant son retour solennel dans les nuées. Les imaginations se tournaient avec beaucoup de force vers une promesse qu’on supposait que Jésus avait faite. Durant sa vie, Jésus, dit-on, avait souvent parlé de l’Esprit-Saint, conçu comme une personnification de la sagesse divine[2]. Il avait promis à ses disciples que cet Esprit serait leur force dans les combats qu’ils auraient à livrer, leur inspiration dans les difficultés, leur avocat, s’ils avaient à parler en public. Quand les visions devinrent rares, on se rejeta sur cet Esprit, envisagé comme un consolateur, comme un autre lui-même que Jésus devait envoyer à ses amis. Quelquefois on se figurait que Jésus, se montrant tout à coup au milieu de ses dis-

  1. Luc, xxiv, 49 ; Act., i, 4.
  2. Cette idée, il est vrai, n’est développée que dans le quatrième Évangile (ch. xiv, xv, xvi). Mais elle est indiquée dans Matth., iii, 11 ; Marc, i, 8 ; Luc, iii, 16 ; xii, 11-12 ; xxiv, 49.