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paraîtraient pas en proportion avec l’importance des résultats, d’autres qui nous feraient sourire. Nos vieilles cathédrales comptent entre les plus belles choses du monde ; on ne peut y entrer sans être en quelque sorte ivre de l’infini. Or, ces splendides merveilles sont presque toujours l’épanouissement de quelque petite supercherie. Et qu’importe en définitive ? Le résultat seul compte en pareille matière. La foi purifie tout. L’incident matériel qui a fait croire à la résurrection n’a pas été la cause véritable de la résurrection. Ce qui a ressuscité Jésus, c’est l’amour. Cet amour fut si puissant qu’un petit hasard suffit pour élever l’édifice de la foi universelle. Si Jésus avait été moins aimé, si la foi à la résurrection avait eu moins de raison de s’établir, ces sortes de hasards auraient eu beau se produire ; il n’en serait rien sorti. Un grain de sable amène la chute d’une montagne, quand le moment de tomber est venu pour la montagne. Les plus grandes choses viennent à la fois de causes très-grandes et très-petites. Les grandes causes sont seules réelles ; les petites ne font que déterminer la production d’un effet qui était déjà depuis longtemps préparé.