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intitulons les Apôtres, parce qu’il expose la période d’action commune, durant laquelle la petite famille créée par Jésus marche de concert, et est groupée moralement autour d’un point unique, Jérusalem. Notre livre prochain, le troisième, nous fera sortir de ce cénacle, et nous montrera presque seul en scène l’homme qui représente mieux qu’aucun autre le christianisme conquérant et voyageur, saint Paul. Bien qu’il se soit donné, à partir d’une certaine époque, le titre d’apôtre, Paul ne l’était pas au même titre que les Douze[1] ; c’est un ouvrier de la deuxième heure et presque un intrus. L’état dans lequel les documents historiques nous sont parvenus nous fait ici une sorte d’illusion. Comme nous savons infiniment plus de choses sur Paul que sur les Douze, comme nous avons ses écrits authentiques et des mémoires originaux d’une grande précision sur quelques époques de sa vie, nous lui prêtons une importance de premier ordre, presque supérieure à celle de Jésus. C’est là une erreur. Paul est un très-grand homme, et il joua dans la fondation du christianisme un rôle des plus considérables. Mais il ne faut le comparer ni à Jésus,

  1. L’auteur des Actes ne donne pas directement à saint Paul le titre d’apôtre. Ce titre est, en général, réservé par lui aux membres du collège central de Jérusalem.