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comme les missionnaires du monde, capables de tous les prodiges. Saint Paul vit plusieurs de ceux qui assistèrent à cette scène extraordinaire. Après vingt-cinq ans, leur impression était encore aussi forte et aussi vive que le premier jour[1].

Près d’un an s’écoula dans cette vie suspendue entre le ciel et la terre[2]. Le charme, loin de décroître,

  1. I Cor., xv, 6.
  2. Jean ne limite pas la durée de la vie d’outre-tombe de Jésus. Il paraît la supposer assez longue. Selon Matthieu, elle n’aurait duré que le temps nécessaire pour faire le voyage de Galilée et se rendre à la montagne indiquée par Jésus. Selon la première finale inachevée de Marc (xvi, 1-8), les choses se seraient passées, ce semble, comme dans Matthieu. Selon la seconde finale (xvi, 9-20), selon d’autres (voir ci-dessus, p. 7, note 1), et selon l’Évangile de Luc, la vie d’outre-tombe semblerait n’avoir duré qu’un jour. Paul (I Cor., xv, 5-8), d’accord avec le quatrième Évangile, la prolonge durant des années, puisqu’il donne sa vision, laquelle eut lieu cinq ou six ans au moins après la mort de Jésus, comme la dernière des apparitions. La circonstance des « cinq cents frères » conduit à la même supposition, car il ne semble pas qu’au lendemain de la mort de Jésus, le groupe de ses amis fût assez compacte pour fournir une telle assemblée (Act., i, 15). Plusieurs sectes gnostiques, en particulier les valentiniens et les séthiens, évaluaient la durée des apparitions à dix-huit mois, et même fondaient là-dessus des théories mystiques (Irénée, Adv. hær., I, iii, 2 ; xxx, 14). Seul, l’auteur des Actes (i, 3) fixe la durée de la vie d’outre-tombe de Jésus à quarante jours. Mais c’est là une bien faible autorité, surtout si l’on remarque qu’elle se rattache à un système erroné (Luc, xxiv, 49, 50, 52 ; Act., i, 4, 12), d’après lequel toute la vie d’outre-tombe se serait passée à Jéru-