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nel adieu. Les principaux disciples, Pierre, Thomas, Nathanaël, les fils de Zébédée, se retrouvèrent sur le bord du lac et désormais vécurent ensemble[1] ; ils avaient repris leur ancien état de pêcheurs, à Bethsaïda ou à Capharnahum. Les femmes galiléennes étaient sans doute avec eux. Elles avaient poussé plus que personne à ce retour, qui était pour elles un besoin de cœur. Ce fut leur dernier acte dans la fondation du christianisme. À partir de ce moment, on ne les voit plus paraître. Fidèles à leur amour, elles ne voulurent plus quitter le pays où elles avaient goûté leur grande joie[2]. On les oublia vite, et, comme le christianisme galiléen n’eut guère de postérité, leur souvenir se perdit complètement dans certaines branches de la tradition. Ces touchantes démoniaques, ces pécheresses converties, ces vraies fondatrices du christianisme, Marie de Magdala, Marie Cléophas, Jeanne, Susanne, passèrent à l’état de saintes délaissées. Saint Paul ne les connaît pas[3]. La foi qu’elles

  1. Jean, xxi, 2 et suiv.
  2. L’auteur des Actes, i, 14, les place à Jérusalem lors de l’ascension. Mais cela tient à son parti systématique (Luc, xxiv, 49 ; Act., 1-4) de ne pas admettre de voyage en Galilée après la résurrection (système contredit par Matthieu et par Jean). Pour être fidèle à ce système, il est obligé de placer l’ascension à Béthanie, en quoi il est contredit par toutes les autres traditions.
  3. I Cor., xv, 5 et suiv.