Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 2 Les Apotres, Levy, 1866.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

odieuse leur pesait ; elles aspiraient à revoir la terre où elles avaient possédé celui qu’elles aimaient, bien sûres d’avance de l’y rencontrer encore.

La plupart des disciples partirent donc pleins de joie et d’espérance, peut-être en compagnie de la caravane qui ramenait les pèlerins de la fête de Pâques. Ce qu’ils espéraient trouver en Galilée, ce n’étaient pas seulement des visions passagères, c’était Jésus lui-même d’une manière continue, comme cela avait lieu avant sa mort. Une immense attente remplissait leurs âmes. Allait-il renouveler le royaume d’Israël, fonder définitivement le règne de Dieu, et, comme on disait, « révéler sa justice[1] » ? Tout était possible. Ils se représentaient déjà les riants paysages où ils avaient joui de lui. Plusieurs croyaient qu’il leur avait donné rendez-vous sur une montagne[2], probablement celle-là même à laquelle se rattachaient leurs plus doux souvenirs. Jamais sans doute voyage ne fut plus joyeux. C’étaient tous leurs rêves de bonheur qui étaient à la veille de se réaliser. Ils allaient le revoir !

Ils le revirent en effet. À peine rendus à leurs paisibles chimères, ils se crurent en pleine période évangélique. On était vers la fin du mois d’avril.

  1. Finale de Marc, dans saint Jérôme, Adv. Pelag., II.
  2. Matth., xxviii, 16.