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rendre[1]. Parfois on croyait même se souvenir qu’il l’avait dit de son vivant[2]. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’au bout de quelques jours, peut-être après l’achèvement complet des fêtes de Pâques, les disciples crurent avoir un commandement de retourner dans leur patrie, et y retournèrent en effet[3]. Peut-être les visions commençaient-elles à se ralentir à Jérusalem. Une sorte de nostalgie s’empara d’eux. Les courtes apparitions de Jésus n’étaient pas suffisantes pour compenser le vide énorme laissé par son absence. Ils songeaient avec un sentiment mélancolique au lac et à ces belles montagnes où ils avaient goûté le royaume de Dieu[4]. Les femmes surtout voulaient à tout prix retourner dans le pays où elles avaient joui de tant de bonheur. Il faut observer que l’ordre de partir venait surtout d’elles[5]. Cette ville

  1. Matth., xxviii. 10.
  2. Ibid., xxvi, 32 ; Marc, xiv, 28.
  3. Matth., xxviii, 16 ; Jean, xxi. — Luc, xxiv, 49, 50, 52 et les Actes, i, 3-4, sont ici en contradiction flagrante avec Marc, xvi, 1-8, et Matthieu. La seconde finale de Marc (xvi, 9 et suiv.), et même les deux autres qui ne font pas partie du texte reçu (voir ci-dessus, p. 7), paraissent conçues dans le système de Luc. Mais cela ne peut prévaloir contre l’accord d’une partie de la tradition synoptique avec le quatrième Évangile et même, indirectement, avec Paul (I Cor., xv, 5-8) sur ce point.
  4. Matth., xxviii, 16.
  5. Ibid., xxviii, 7 ; Marc, xvi, 7.