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On peut dire que la littérature hébraïque se compose de deux floraisons, séparées par un désert aride de trois cents ans. L’ancienne littéraire hébraïque, comprenant la plus grande partie de la Bible, était close vers l’an 500 avant J.-C. L’état littéraire de la période qui suit, et qui correspond à la domination perse, nous est tout à fait inconnu. Il en faut dire autant de l’époque d’Alexandre et du IIIe siècle avant J.-C. La lumière reparaît au IIe siècle avant J.-C. Vers l’an 170, a lieu cette éruption extraordinaire de l’enthousiasme juif qui produit les Livres de Daniel, d’Hénoch, et beaucoup d’autres écrits dont l’original hébreu s'est malheureusement perdu. Cette veine littéraire se continue par L’Assomption de Moïse, L'Apocalypse d’Esdras, L’Apocalypse de Baruch, les Livres de Judith, de Tobie, contemporains de l’apparition de la nouvelle Bible chrétienne, et qui également ne nous ont été conservés que par des traductions grecques, latines ou orientales.

Il est impossible de placer Cohélet dans le groupe des grands écrits classiques d’Israël, qui finit, vers l’avènement de la dynastie achéménide. par les écrits des derniers prophètes Haggée, Zacharie, Malachie. Ce n’est ni dans la troupe toujours haletante des prophètes de Jérusalem, ni dans ce VIe siècle (le siècle qui suivit la ruine du royaume de Juda) si plein pour Israël de douleurs, de désespoir, d’exaltation religieuse et d’espérance, qu’on peut caser notre sceptique. Qu’on songe aux brillants rêves d’avenir du second Isaïe, de certains psalmistes. Il y a des heures