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L’auteur revient sur sa pensée avec une insistance qui peut sembler fastidieuse, mais qui ne laisse rien à désirer sous le rapport de la netteté.

« Tout est vanité. » Tel est le résumé, vingt fois répété, de l’ouvrage. Le livre se compose d’une suite de petits paragraphes, dont chacun contient une observation, une façon d’envisager la vie humaine, dont la conclusion est l’universelle frivolité. Cette conclusion, l’auteur la tire des expériences les plus diverses. Il s’y complaît ; il en fait le rythme et le refrain de sa pensée. Le monde présente à ses yeux une série de phénomènes, toujours les mêmes et roulant les uns après les autres dans une sorte de cercle. Nul progrès. Le passé a ressemblé au présent ; le présent ressemble à ce que sera l’avenir. Le présent est mauvais, le passé ne valait pas mieux, l’avenir ne sera pas préférable. Toute tentative pour améliorer les choses humaines est chimérique, l’homme étant incurablement borné dans ses facultés et sa destinée. L’abus est éternel ; le mal qu’on avait cru supprimé reparaît sur-le-champ, plus envenimé qu’avant sa suppression.

L’auteur nous assure avoir fait l’expérience de toutes les occupations de la vie, et prétend les avoir trouvées vaines. Le plaisir, le pouvoir, le luxe, les femmes, ne laissent que regrets après eux. La science ne sert qu’à fatiguer l’esprit ; l’homme ne sait rien et ne saura jamais rien. La femme est un être absurde, un mauvais génie. La conséquence serait de rester célibataire. L’auteur y a bien pensé, mais quoi !... Le célibataire est un niais, puisqu’il thésaurise pour des