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        Qui regardent par les treillis ;
        Quand des forts les roideurs fléchissent ;
        Quand les servantes du moulin,
        En nombre insuffisant, mollissent
        Et cessent de broyer le grain ;


Quand, chaque jour, on voit se fermer quelque porte,
Du côté du bazar, entre le monde et soi ;
Quand, des bruits du dehors, le vent ne vous apporte
Que le cri de la meule et son grincement froid ;
Quand du petit oiseau les chansons matinales
Dissipent un sommeil venu tardivement ;
Quand aux accords charmants des notes virginales
Succède le repos du désenchantement ;


        Quand on craint les moindres montées,
        Que tout dans le chemin fait peur,


Que pour la sauterelle on n’a que des nausées,
Que l’amande est trop dure à des dents ébréchées
Et la câpre impuissante à rendre la vigueur :


        Signe évident que déjà l’on s’engage
Dans le chemin qui mène au manoir éternel,
Et que, dans le bazar, les pleureuses à gage
Bientôt vont commencer leur pas processionnel ;