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VIII

Autre vanité que j’ai vue sous le soleil : un homme seul, qui n’a personne pour lui succéder[1], ni fils ni frère, et il travaille tout de même sans relâche, et son œil ne se rassasie pas de voir affluer chez lui les richesses. « Eh ! pour qui donc travaillé-je, se dit-il parfois, et privé-je mon âme de tout plaisir ? » Encore une vanité, une triste chose !

Deux valent mieux qu’un ; car, quand deux sont associés, leur travail a sa récompense. Si l’un des deux tombe, l’autre le relève ; mais malheur à l’homme seul ! S’il tombe, il n’a pas de second pour le relever. Si deux sont couchés ensemble, ils ont chaud ; mais l’homme seul, comment se rechauffera-t-il ? Quand le brigand s’attaque au voyageur qui a un compagnon,

  1. L'auteur se désigne lui-même à mots couverts.