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avec ce fait qu’on n’en trouve aucune citation chez les écrivains chrétiens du Ier et du IIe siècle. Pourquoi le Cohélet a-t-il été traduit si tardivement, quand tous les autres écrits hébreux ont passé en grec au IIIe et au IIe siècle avant Jésus-Christ ? Probablement parce qu’il ne faisait pas partie de la Bible à cette époque ; peut-être même parce qu’il n’était pas encore composé.

Les derniers versets, enfin, présentent quelques particularités qui conduisent à considérer le livre comme le plus moderne des écrits de la Bible hébraïque, M. Nahman Krochmal remarqua le premier que les deux versets qui suivent n’ont aucun rapport avec l’ouvrage et ont dû servir de clausule finale au recueil biblique, quand le Cohélet formait les dernières pages du volume. Ce n’est point par hasard que ce petit quatrain se trouve fixé à la fin de notre livre, et non à la fin des Chroniques, ou d’Esther ou de Daniel, qui, eux aussi, ont longtemps traîné aux derniers feuillets du volume sacré. L’addition de notre livre au Canon paraît donc un fait récent et dont les traces se laissent encore apercevoir.

Le livre ne renferme pas un grand nombre de traits qui puissent servir à tracer le tableau du temps où vivait l'auteur. On voit bien, à son état d’âme, que les vieilles mœurs étaient perdues. La famille est détruite ; la femme, à la suite des scandales de l’époque séleucide et à la veille des effroyables crimes domestiques de l’âge hérodien, est devenue un fléau. Ce qui soutenait l’ancien sage, quand sa philosophie