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arabes n’étaient qu’une mesquine traduction de la science et de la philosophie grecques. Dès que la Grèce authentique se lève, ces chétives traductions deviennent sans objet, et ce n’est pas sans raison que tous les philologues de la Renaissance entreprennent contre elles une vraie croisade. À y regarder de près, d’ailleurs, cette science arabe n’avait rien d’arabe. Le fond en est purement grec ; parmi ceux qui la créèrent, il n’y a pas un vrai sémite ; c’étaient des Espagnols, des Persans écrivant en arabe. — Le rôle philosophique des juifs au moyen âge est aussi celui de simples interprètes. La philosophie juive de cette époque, c’est la philosophie arabe sans modification. Une page de Roger Bacon renferme plus de véritable esprit scientifique que toute cette science de seconde main, respectable assurément comme un anneau de la tradition, mais dénuée de grande originalité.

Si nous examinons la question au point de vue des idées morales et sociales, nous trouverons que la morale sémitique est parfois très-haute et très-pure. Le Code attribué à Moïse renferme de hautes idées de droit. Les prophètes sont par moments des tribuns fort éloquents. Les moralistes, Jésus fils de Sirach, Hillel, atteignent une surprenante hauteur. N’oublions pas enfin que la morale de l’Évangile a été d’abord prêchée en une langue sémitique. D’un autre côté, le caractère sémitique est en général dur, étroit, égoïste. Il y a dans cette race de hautes passions, du complets dévouements, des caractères incomparables.