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tites démocraties d’Athènes et de l’Italie du moyen âge étaient presque aussi féroces que le plus cruel tyran ; l’Empire romain arriva (en partie, du reste, par l’influence de l’Orient), à un despotisme intolérable ; la féodalité germanique aboutit à un vrai brigandage ; la royauté française, sous Louis XIV, atteignit presque les excès des dynasties sassanides ou mongoles ; la Révolution française, en créant avec une vigueur incomparable le principe d’unité dans l’État, a souvent fortement compromis la liberté. Mais de promptes réactions ont toujours sauvé ces peuples des conséquences de leurs fautes. Il n’en est pas de même en Orient. L’Orient, surtout l’Orient sémitique, n’a jamais connu de milieu entre la complète anarchie des Arabes nomades et le despotisme sanguinaire et sans compensation. L’idée de la chose publique, du bien public, fait totalement défaut chez ces peuples. La vraie et complète liberté, telle que les peuples anglo-saxons l’ont réalisée, et les grandes organisations d’État, telles que l’Empire romain et la France les ont créées, leur furent également étrangères. Les anciens Hébreux, les Arabes, ont été ou sont, par moments, les plus libres des hommes, mais à la condition d’avoir le lendemain un chef qui tranche les têtes selon son bon plaisir. Et quand cela arrive, nul ne se plaint d’un droit violé : David arrive à régner par les moyens d’un énergique condottiere, ce qui ne l’empêche pas d’être un homme fort religieux, d’être un roi selon le cœur de Dieu ; Salomon parvient et se maintient au trône par les