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ont fait la trame du tissu de l’histoire. Dès le dix-septième siècle et presque dès le moyen âge, on avait reconnu que les Hébreux, les Phéniciens, les Carthaginois, les Syriens, Babylone, au moins depuis une certaine époque, les Arabes, les Abyssins, avaient parlé des langues tout à fait congénères. Eichhorn, au siècle dernier, proposa d’appeler ces langues sémitiques, et ce nom, tout inexact qu’il est, peut continuer d’être employé. Dans les premières années de notre siècle, on fit une découverte autrement importante et délicate. Grâce à la connaissance du sanscrit, due aux savants anglais de Calcutta, les philologues de l’Allemagne, en particulier M. Bopp, posèrent des principes sûrs au moyen desquels on démontra que les anciens idiomes de l’Inde brahmanique, les différents dialectes de la Perse, l’arménien, plusieurs dialectes du Caucase, les langues grecque et latine, avec leurs dérivés, les langues slaves, germaniques et celtiques, forment un vaste ensemble, profondément distinct du groupe sémitique, et qu’on appela indo-germanique ou indo-européen.

La ligne de démarcation révélée par l’étude comparée des langues, ne tarda pas à être fortifiée par l’étude des littératures, des institutions, des mœurs, des religions. Quand on sait se placer au point de vue d’une comparaison délicate, on reconnaît dans les littératures antiques de l’Inde, de la Grèce, de la Perse, des peuples germaniques, des genres communs tenant à une profonde similitude d’esprit. La littérature des Hébreux et celle