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Le Panthéon d’Agrippa changé en église officielle et bien ornée, ce portique admirable, plaqué de tableaux d’indulgences, me révolte : car en tant que Panthéon, il exprimait une idée religieuse bien plus élevée. Il eût fallu le laisser ruiné, sauf à y placer un mauvais autel en bois et une Madone. Mais qu’un capucin, au Colisée, grimpé sur des tréteaux, prêche au milieu des sacconi, en répétant sans cesse pour toute éloquence : Fratelli miei, tandis que l’auditoire vaque à ses affaires, que les hommes dorment appuyés contre les ruines, que les femmes allaitent leurs enfants, assises sur les marches de la croix, voilà l’humanité naïve, voilà le beau, voilà l’aimable, voilà le vrai.

» Toute manifestation religieuse, fût-elle grotesque, m’est sacrée. La religion de Rome n’est jamais grotesque. Le senti-