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le peuple qui, de lui-même, s’assemble le soir au coin des rues ou dans les boutiques du Borgo pour chanter des couplets à la Madone. Ces capucins qui courent les rues le sac sur le dos, nu-pieds et en guenilles, c’est le peuple ; le peuple les aime, cause avec eux, les amène au cabaret, leur donne quelques morceaux de pain ou de bois, sauf à aller les redemander à la porte du couvent. J’assistais il y a quelques jours aux offices du Gesù, et deux sentiments bien divers se partageaient mon âme. D’une part, sympathie pour ce peuple, qui prend naïvement la religion qu’il trouve sous sa main ; de l’autre, colère et mépris contre les chorèges qui trônent au-dessus de lui, contre ces docteurs scolastiques qui faussent toute science et toute critique pour l’apologie de leurs dogmes absurdes.