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originale de l’humanité me plaît et m’intéresse. Jusqu’ici j’avais considéré la religion de ce pays comme imposée, jamais comme acceptée : je la voyais enseignée par un clergé absurde et ignorant, bien plutôt qu’acceptée et ennoblie par la foi d’un peuple simple. Le concile de Trente, Charles Borromée, Pie V, les Jésuites avaient, à mes yeux, serré autour de ce peuple les bandelettes funèbres. C’est une erreur. La grande réaction dévote et catholique qui, vers le milieu du xvie siècle, vint étouffer la liberté et le puissant développement de l’Italie au xve et au commencement du xvie siècle, est bien réellement une œuvre italienne. L’Italie n’était pas d’un tempérament assez rationaliste pour devenir protestante, et les temps de l’incrédulité pure n’étaient pas encore venus. L’Italie tient de la femme ; on parla à ses