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proportions colossales, avec ses mystères, son culte, ses sacrements, son histoire mythique, ses patriarches, ses prophètes, ses apôtres, ses martyrs, ses vierges, ses saints, entassement immense de dix-huit siècles, où rien ne se perd, montagne toujours grandissante, temple gigantesque où chaque génération pose une assise. Tout fait nombre dans ces masses colossales : la moindre statue inaperçue, qui décore une des mille niches du temple, a son rôle. Et nous, que faisons-nous cependant, pauvres philosophes ? Dresser notre motte de terre chacun à notre guise, aplanir une base, sans espérance que personne vienne jamais y bâtir.

Ainsi vont les choses. Il faut de la poésie à l’humanité. Le prêtre n’est pas le philosophe ni le savant ; ce n’est pas l’homme du vrai, mais c’est l’homme de ce grand