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m’avait fait naître en ce pays sans patrimoine, j’aurais probablement embrassé cette profession. Il faut bien considérer d’ailleurs que le bas monachisme n’est ici qu’une transformation de la mendicité ; le moine, c’est le mendiant vêtu d’une robe grise et d’un capuchon, et présentant son état comme saint et religieux.

Les impressions religieuses ont toujours été en moi très fortes, et, par suite des habitudes de mon enfance, elles se mêlent dans une proportion indéfinissable aux instincts les plus intimes de ma nature. Ces impressions se sont réveillées ici avec une extrême énergie. J’ai toujours admiré le christianisme, et je ne l’ai jamais tant aimé que depuis le jour où j’ai cessé de m’appeler chrétien ; mais jamais je n’ai tant regretté d’avoir renoncé à ce titre que depuis que je suis ici. À certains