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Comment un peuple, assez peu enclin au rationalisme, n’aurait-il pas accepté tout cela comme loi courante et reçue, et ne se serait-il pas laissé endormir à la voix de cette sirène ? Comment ne vivrait-il pas tranquille dans une religion qui le satisfait et l’amuse ?

Le grand plaisir de l’Italien, c’est de vivre. La vie dans ce pays est une jouissance, lors même qu’elle n’est accompagnée

    branches de laurier, où se prépare, se vend et se consomme sur place un genre particulier de fritures (fritelle). C’est une grande fête pour le petit peuple. Les illuminations des boutiques à l’époque de Pâques sont aussi un événement dans cette vie uniforme. Les anciens avaient aussi de ces procédés pour interrompre la monotonie de leur petite vie vulgaire. Notre année rationaliste est bien plus uniforme. Je suis toujours charmé quand, en étudiant un manuscrit, je trouve la date donnée par les chants de l’année chrétienne. Le copiste de la chronique de Thomas de Méragah, dont le manuscrit unique se trouve au Vatican, dit qu’il a fini son travail le dimanche où l’on chante Mansionem deliciis plenam ; tel autre, le jour où l’on chante à l’Université de Paris… [inachevé].