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Le battement de la vie est ici plus lent d’un degré. Ce pays a besoin de lieux destinés à ne rien faire : ces lieux, ce sont les églises. Les églises ne sont pas ici ce qu’elles sont au point de vue de notre religion étroite et prosaïque, des lieux de prière ; ce sont des lieux où l’on va savourer l’idéal, soit par l’art, soit par le repos, qui pour l’Italien est à beaucoup d’égards un état saint. Elles sont admirablement faites pour cela. On ne se repose pas dans une église gothique : cet horizon infini, ce mystère, ce jeu multiple des lignes et de la lumière trouble, agite, creuse, attriste, sentiment très noble et très élevé, mais qui n’est pas le repos. Au contraire, ces églises basses, finies, cet horizon terminé de toutes parts par un mur et une fresque, cette absence complète de profondeur dans les effets de lumière,