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son visage les traces de la fièvre et de l’immoralité, m’attristaient et m’irritaient ; je regrettais presque d’être venu m’ensevelir dans ce tombeau. Mais à peine eus-je respiré le parfum des ruines sur le Mont-Palatin, à peine me fus-je égaré au milieu de ces champs déserts où fut la Rome d’autrefois, et où l’on n’entend que le son de la cloche des monastères et les carillons lointains de la ville aux trois cents églises, que la séduction opérait déjà, et que volontairement je laissais tomber ma critique, pour m’abandonner au torrent de poésie et de volupté qui s’exhale de ces lieux. Il y a dans ces ruines, dans ces voies désertes, dans ces églises, dans ces monastères, un charme si puissant, qu’il faut bien des jours pour se reconnaître et se mettre au net avec soi-même dans ce flot de sentiments nouveaux qui vous