Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

instincts natifs de l’homme, quand ils sont préservés de leurs déviations.

» Qu’est-ce donc qu’on pourrait appeler en moi de l’orgueil ? Ma foi à la science ? Ma confiance dans les facultés humaines ? L’usage ferme et résolu que j’en fais ? Là est en effet le secret de ce prodigieux abus que font les orthodoxes de ce mot. L’orgueil, dans leur langage, c’est de ne pas penser comme eux ; c’est de cultiver et d’ennoblir sa nature, c’est d’user de la raison que Dieu nous a donnée comme une faculté aussi sainte apparemment que toutes les autres. L’orgueil est l’explication universelle, le dernier mot de toute leur psychologie. Quand la science humble et patiente est amenée à s’écarter de leurs solutions, c’est l’orgueil ; quand la timide critique hésite et refuse de s’associer à leurs outrecuidantes affirmations, c’est de