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» Voilà pourquoi je hais les systèmes, les réformateurs trop fiers, les dialecticiens, les raisonneurs, les fortes têtes, les gens tout d’une pièce, et parfois même les savants. J’aime les faibles, les tremblants, les hésitants, les enfants, les femmes, les faibles d’esprit. Je ne cherche pas du tout à être rigoureux et logique dans mon système de vie ; quand je trouve des contradictions, des antinomies, je ne m’en soucie pas, ni ne me fatigue à concilier tout cela, comme font les logiciens, qui sont des orgueilleux, et veulent tracer avec deux ou trois lignes le tableau des choses. Moi, je suis convaincu que notre esprit est partiel et faible, qu’il ne voit que des fragments incohérents du système des choses. Je prends ce que je trouve, j’embrasse tous les atomes de vérité et de beauté ; je me glorifie de mes contradictions ; quant à