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contre lui-même. Dors toujours ainsi au son de la musique des mondes, et puisses-tu ignorer à jamais les souffrances réservées à celui qui, par la fatalité de sa nature, a cessé d’être enfant !

» Je me suis mis à genoux, et, les bras croisés sur ma poitrine, en présence de Dieu et de ta pensée, ô ma sœur, j’ai sondé mon âme, et j’ai cherché sans feinte et sans détour à être vrai avec moi-même. Eh bien ! Cécile, j’ose te répondre avec l’assurance infaillible que la conscience porte avec elle : non, je ne suis pas orgueilleux. J’aime à m’être trompé pour le reconnaître ; j’aime à avoir péché pour me repentir. Un enfant me fait changer d’avis, une femme me ferait rétracter tout ce qu’elle voudrait. J’aime à pleurer et à me frapper la poitrine ; j’aime à demander pardon à ceux que j’ai pu offenser. Quel-