Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étiez aussi bon et aussi aimable que vous l’avez toujours été. Si vous étiez devenu méchant, mon cœur me l’aurait dit. Oh ! je l’aurais deviné ; ne croyez pas que vous puissiez me cacher ces choses ! Qu’y a-t-il donc de changé en vous ? Vous parliez de doutes à madame votre mère. Mais de quoi doutez-vous ? S’il faut aimer Dieu ? S’il faut le prier ? S’il faut être doux et humble de cœur ? Oh ! mon Patrice, vous ne doutez pas de cela. Nous avons prié ensemble ; nous avons goûté ensemble les joies du ciel, et vous doutez de ce que vous avez senti ? Vraiment j’ai presque envie de remercier Dieu d’être ignorante, si la science n’apprend que de telles choses.

» Croyez-moi, cher Patrice, j’ai dans mon cœur un témoin aussi sûr que le vôtre. Vous, douter de la religion… C’est impossible. Vous, parmi les réprouvés…