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par la grâce des traits de son visage. Souvent elle me voit penché le soir sur ma fenêtre, contemplant les reflets du soleil couchant sur les montagnes d’Albano, et quelquefois mes regards rencontrent les siens, fixés timidement sur moi. Elle feint alors de s’occuper, et cherche à ne point paraître m’avoir devancé. Je n’ai pas encore osé hasarder un sourire. Serait-il possible qu’elle pensât à moi, et qu’elle rêvât de son côté ce que je rêve ?

» Si jamais une femme lit ces lignes (je serai mort alors), je ne lui demande pas une larme sur mon sort ; ce serait demander trop de bonheur. Je lui demande de croire que j’avais un bon cœur, je lui demande un peu de pitié. Et dût ce don funèbre ne venir me chercher que bien tard dans ma tombe, je me trouverais assez consolé.