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pour expliquer tous les mystères que recèle l’acte le plus simple de la vie féminine. On me donnerait le choix d’avoir été Alexandre, Newton ou sainte Catherine de Sienne que je préférerais le sort de la vierge de Fonte-Branda. Cette pauvre fille d’un teinturier, qui ne savait ni lire ni écrire, cette Circé chrétienne du xive siècle, qui changeait le cœur de tous ceux qui la voyaient, qui admonestait le pape et les évêques, avait atteint du premier coup et par le seul instinct de sa puissante nature le but que nous poursuivons avec tant d’efforts. J’ai lu autrefois une histoire dont mon âme fut parfumée durant plusieurs mois. Une jeune fille était belle, et on la croyait irréprochable. Un jour, elle a disparu, on entre dans sa chambre ; elle était étendue sur son lit, revêtue d’une robe blanche, et ses